Facile
de faire
des lois quand on on s'appelle "ministre de l'agriculture" ou "ministre
des sciences et de l'industrie"... Mais
voilà, cette faculté de faire des
lois, elle a
été prêtée aux
législateurs par le
peuple, via le suffrage universel. Ce que le peuple attend des
législateurs, c'est qu'ils défende ses
intérêts, je veux dire ceux du peuple. Et entre
autres la
santé publique.
Or
voilà que les deux ministères
précités
ont inventé une loi qui interdit aux agriculteurs
biologiques
d'utiliser des produits naturels pour lutter contre les insectes, comme
par exemple le purin d'ortie. Sous prétexte que ces produits
ne
sont pas homologués. En d'autres termes, les produits
non-homologués sont peut-être dangereux, alors
mieux vaut
les interdire... A la suite du tollé que cette loi a
engendré, le ministère de l'agriculture a
réagi et
a proposé une interprétation de la loi : les
agriculteurs
bios peuvent utiliser ces produits mais ne peuvent les
acheter,
car dès qu'il y a commercialisation, il y a autorisation de
mise
sur le marché... C'est un peu mieux, mais ça
pénalise toujours lourdement les agriculteurs qu doivent
fabriquer ces produits eux-mêmes. Voir la réaction
du
ministère : ici.
Il
est
intéressant de voir les arguments employés par le
ministère :
"En
revanche, les agriculteurs et les jardiniers ne sont pas
autorisés à commercialiser, ou à
distribuer
même gratuitement ces produits, car dans ce cas une
autorisation préalable est requise, à
l’instar de
ce qui existe en matière d’évaluation
des
médicaments vétérinaires ou humains.
Cette
procédure garantit que les produits phytopharmaceutiques mis
sur
le marché sont sans danger pour l’utilisateur, le
consommateur et l’environnement, et efficaces dans la lutte
contre les maladies contagieuses des plantes. Certains produits
naturels (ciguë, belladone, nicotine...) sont en effet
dangereux
pour l’utilisateur et/ou le consommateur."
En
quelque sorte, il faut vérifier que les agriculteurs bio
ne détruisent pas les insectes en mettant de la
ciguë ou de
l'amanite phalloïde dans les aliments... Beau
prétexte
hypocrite pour justifier ce contrôle que rien ne justifie,
aucun
problème de santé n'ayant jamais
été
démontré lié à
l'agriculture biologique.
Ces
produits naturels n'ont jamais de mal à
personne
depuis des siècles. Par contre, les pesticides, insecticides
et
engrais chimiques déversés sur nos sols
provoquent des
cancers, de l'infertilité masculine, polluent les sols,
tuent la
biomasse, stérilisent les sols, et cela en toute
impunité.
Ce
qui
signifie que nos chers ministres ont rendu illégal ce
qui
est bon pour la santé et légal ce qui est
mauvais. Devinette
:
quels intérêts ces gens-là
défendent ? Ceux de la santé publique ? Ceux des
consommateurs ? Ceux de l'environnement ? Ou ceux des multinationales,
des lobbies de l'agro-alimentaire industriel ?
En
clair : on
donne à des ministres le pouvoir de
créer
des lois, et ils détournent ce pouvoir à des fins
privées, à savoir attaquer l'agriculture
biologique en
accord avec le bon vouloir des multinationales de l'agro-alimentaire.
Personnellement,
j'appelle ça un état-voyou.
Est-il
utile
de rappeler les bienfaits de l'agriculture biologique ? En
gros : pas de produits cancérigènes dans vos
assiettes,
pas de baisse de la fertilité masculine (due aux
pesticides), un
meilleur goût, plus de vitamines et de minéraux,
pas de
pollution des sols et des nappes phréatiques, pas
d'épuisement des sols, pas de souffrance animale, le
maintien de
la biodiversité, le maintien d'une biomasse dans le sol qui
absorbe les gaz à effet de serre, plus d'emplois par
mètre carré de cultures, et de beaux paysages
remplis
d'oiseaux et de papillons…
A
la suite,
donc, des réactions, le ministère de
l'agriculture a donc déjà fait un premier pas en
arrière en autorisant les agriculteurs à utiliser
ces
produits à condition de les fabriquer eux-même,
sans qu'il
y ait commerce. Comme quoi, réagir est important.
Il faut
aller plus loin :
Si
vous
désirez lutter contre cette loi injuste, vous pouvez
signer une pétition
ici, mais
également adhérer à
l'association des Amis de l'ortie, qui défend la
reconnaissance
des produits naturels utilisés en jardinage (10 euros) (bulletin
d'adhésion ici). Vous
pouvez également acheter le
livre de Bernard Bertrand : " Purin d'Ortie et compagnie" B.
Bertrand,
J.P. Collaert et E. Petiot (95 pages, 15 euros,
Editions Terran), qui diffuse les recettes de ces produits naturels.
Voir aussi : http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2366
Vous
pouvez
aussi acheter, au moins en partie, bio. C'est plus cher,
mais... La nourriture industrielle coûte son prix plus une
partie
de vos impôts qui sert à la
dépollution, une partie
de votre facture d'eau qui sert à la dépollution,
plus
une partie de votre cotisation sécurité sociale
à
cause des cancers etc...
Ci-dessous,
une
lettre ouverte, recommandée avec avis de
réception que
j'ai envoyée au ministère de l'agriculture le 20
octobre
2006. Je publierai leur réponse ou leur absence de
réponse. Si vous souhaitez envoyer aussi un courrier de
protestation au ministère, n'hésitez pas. Vous
pouvez, si
vous le souhaitez, reprendre ce modèle ou
l'améliorer...
Lettre recommandée AR
Le 20 octobre 2006
A
l’attention de : Monsieur
le ministre Dominique
Bussereau ministère
de
l’Agriculture et de la Pêche 78,
rue de Varenne 75349
PARIS 07 SP (France)
Monsieur
le ministre,
Je
ne suis pas agriculteur mais
simple citoyen, consommateur de nourriture biologique, et ne
défend dans ce courrier aucune orientation politique.
J’ai
découvert avec
consternation le texte de loi d’orientation agricole
n°
2006-11, du 5 janvier 2006.
Cette
loi interdit à tout
agriculteur d’utiliser, donner ou conseiller des produits
naturels (phytopharmaceutiques) destinés à
l’agriculture, sous prétexte qu’ils
n’ont pas
fait l’objet d’une autorisation de mise sur le
marché.
A
la suite de la réaction
des agriculteurs bio, une
“interprétation” de la loi
a été proposée par le
ministère de
l’agriculture, qui revient en arrière sur le texte
même en le contredisant, limitant l’interdiction
à
la seule mise sur le marché.
Cette
loi, malgré le recul
du ministère contraint par la réaction des
agriculteurs
bio, n’a aucune justification en elle-même.
Pourquoi
?
Parce
que le principe de
précaution qui consiste à vérifier
l’innocuité d’un produit avant sa mise
sur le
marché ne se justifie que pour les produits nouveaux,
non-connus, ne faisant pas l’objet d’une
expérience
séculaire.
En
effet, étendre ce
principe à tous les produits, c’est nier la valeur
de la
connaissance acquise par les agriculteurs depuis des
siècles, et
affirmer la toute puissance de l’efficacité
d’une
étude scientifique d’innocuité. Le
temps de prouver
réellement cette innocuité, tous les produits
utilisés depuis des siècles se trouvent de fait
interdits.
Cette
logique qui consiste à
considérer comme suspect tout produit par principe,
même
si aucune raison ne le justifie après des siècles
d’utilisation, mène au délire. Il
s’agit en
effet d’un principe sans limite : si l’on
suivait
cette “logique” jusqu’au bout, il
faudrait
considérer comme suspect tous les produits naturels que nous
mangeons depuis des siècles, et les interdire en attendant
de
faire la preuve de leur innocuité : carottes, pommes de
terre,
navets, choux, poires, blé... sous prétexte que
les
amanites phalloïdes existent.
L’unique
argumentation du
ministère de l’agriculture est de rappeler
qu’il
existe des produits naturels dangereux comme la ciguë, la
belladone, la nicotine, les amanites... Or, c’est
précisément par l’expérience
accumulée que l’on connaît depuis
longtemps la
dangerosité de ces produits.
Les
tests scientifiques
destinés à prouver
l’innocuité d’un
produit n’ont pas l’efficacité que
l’idéologie scientiste voudrait leur donner. Tout
le monde
sait qu’un cancer peut mettre vingt ans à se
développer, qu’une étude sur un produit
doit se
donc se faire sur le long terme et sur un grand nombre
d’individus pour être statistiquement
significative. Ce qui
revient à dire qu’un produit naturel doit
être
interdit très longtemps avant d’être
autorisé
sur le marché.
A
cela on peut ajouter que les
produits artificiels (engrais et pesticides de synthèse) on
fait, eux, l’objet d’une autorisation sur le
marché.
Ce qui revient à dire qu’ils sont inoffensifs...
Pourtant
tout le monde sait aujourd’hui que ces produits provoquent
des
cancers et autres maladies, des désordres hormonaux, une
pollution et une stérilisation du sol...
Tout
ceci démontre
l’absurdité de cette loi.
Quant
une loi absurde
apparaît, on peut légitimement se demander quelles
sont
les intentions qui ont poussé le ministère
à la
produire.
Cette
loi, telle qu’elle a
été écrite, en interdisant aux
agriculteurs bio la
simple utilisation de ces produits, signait, si les agriculteurs bio
n’avaient pas contraint le ministère à
reculer, la
fin de l’agriculture biologique. Qui peut souhaiter la fin de
l’agriculture biologique ? Il n’est pas
nécessaire
de chercher très loin : l’industrie
agro-alimentaire.
Quel
rapport y a-t-il entre
l’industrie agro-alimentaire et le ministère de
l’agriculture ? La première défend ses
propres
intérêts, privés. Le second est
censé
défendre des intérêts publics comme la
santé
publique, la transmission aux générations futures
de
terres agricoles non polluées et non stériles.
Hors,
ce ministère veut
interdire des produits inoffensifs (comme le purin d’ortie)
et
autorise par ailleurs des produits cancérigènes
(engrais
et pesticides de synthèse).
Cela
ressemble à s’y
méprendre à la défense des
intérêts
privés de l’agro-alimentaire industriel.
Ce
qui est très grave,
c’est que le ministère de l’agriculture
détourne l’appareil législatif qui lui
a
été démocratiquement
prêté par les
citoyens pour défendre des intérêts
privés
qui s’opposent au bien public.
Est-il
nécessaire de
rappeler que les agriculteurs biologiques sont des personnes
motivées par des valeurs qui devraient être celles
du
ministère de l’agriculture : produire des aliments
sains
pour les consommateurs et pour les sols, léguer aux
générations futures des sols riches et vivants
(et non
pas stériles comme ceux de l’agriculture
intensive),
créer une biomasse qui lutte contre l’effet de
serre,
respectant la diversité biologique et les paysages, en
créant de l’emploi.
J’attends
de votre part une
réponse motivée et argumentée (en
évitant,
s’il vous plaît, les arguments irrecevables du
genre que
les agriculteurs vont répandre de la ciguë sur
leurs
plates-bandes), en espérant que vous saurez me convaincre
que
suspecter le purin d’ortie et autoriser des pesticides
cancérigènes est tout-à-fait normal.
Cette
lettre ouverte, qui sera
publiée sur mon site
(http://www.philippe-coudray.com/Pages/1-Sous-pages/Ortie.html), ainsi
que sa réponse ou absence de réponse, sera
également envoyée à la presse et aux
principaux
partis politiques.
Je
vous prie de croire, monsieur le
ministre, à l’expression de mes sentiments
distingués.